En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Sans surprise

 

 

    Que retenir quand même de cette élection anecdotique sur le plan mondial ? Le score de Macron a surpris : comment se fait-il que ce président détesté puisse réaliser plus de 27% des suffrages ? Telle est la question de ses innombrables détracteurs. Réponses : président détesté sans doute dans certains médias, mais pas dans d'autres (Ouest-France et Le Monde apprécient beaucoup la politique de Macron) ; président détesté des classes populaires et moyennes mais pas de la classe aisée diplômée (plutôt science-po, management, droit des affaires, à la rigueur droit administratif...) ; président détesté des jeunes (sauf des jeunes diplômés que je viens d'évoquer) mais pas d'une bonne moitié des retraités de ce pays, qui se moquent bien de voir la retraite repoussée à 65 ans pour les actifs. Président apprécié par son verbiage consensuel (« en même temps ») et son image soignée, léchée, de chef d'Etat international (et pro-européen). Président très formaté, très « briefé », très « coaché », connaissant très bien ses « dossiers » et ses « fiches » (une dizaine de personnes y travaille jour et nuit), il rassure et il assure. Nul doute qu'il sera sans doute encore très supérieur à Marine Le Pen lors du prochain débat.

 

   Non, ce score de 27% n'est pas surprenant ; Macron a bénéficié du « vote utile », comme ses deux « challengers », Le Pen (23%) et Mélenchon (22%). Le vote utile a sanctionné Zemmour (7%), Pécresse (4,8%) et Jadot (4,6%). Les Verts sont décidément un peu fâchés avec l'élection présidentielle, car ils dépassent largement les 10% dans les autres élections. C'est un exercice de style politique qui ne leur convient pas. Je crois savoir de toute façon que les Verts n'aiment pas la Ve République et le rôle trop important selon eux accordé au Président. Ici un mot s'impose pour Valérie Pécresse, qui représentait tout de même le parti fondateur de la Ve République, celui qu'on qualifiait encore de « gaulliste » il y a quelques années. Mais quel mot pour qualifier son score de 4,8% ? Consternant ? Accablant ? Je dirais tout simplement : historique.

   Historique aussi le score du PS et de sa candidate Anne Hidalgo, qui termine 10e sur 12, devancée par Dupont-Aignan, Roussel et Lassalle. Comment le PS pourra t-il se remettre d'une telle déconfiture ? Ses caisses sont vides et le nombre de ses militants en chute libre. Les élections législatives prochaines apporteront un début de réponse : mais la « gauche » est aujourd'hui emmenée par le parti de Mélenchon, qui devrait logiquement (arithmétiquement) pouvoir imposer ses candidatures et ses choix face au Rassemblement national et surtout face à LREM. La Présidentielle sert aussi à cela depuis le quinquennat : définir le rapport de forces des Législatives.

 

  L'élection a donc été peu surprenante, sauf à considérer que les sondages se sont encore trompés (mais n'est-ce pas leur rôle que de tromper et de se tromper ?) ; ils ont longtemps surestimé Zemmour et sous-estimé Le Pen. La guerre en Ukraine enfin a rebattu un peu les cartes : après deux ans de stress covidien, un nouveau stress a été enclenché, celui d'une déstabilisation commerciale de grande envergure qui affectera brutalement les économies occidentales... Ce n'est pas le moment de changer de Président, ont dû penser près de 10 millions de votants. Il faut laisser au pouvoir ceux qui connaissent les dessous de la situation.

   Et quand on connaît les dessous on peut de toute évidence prendre le dessus.

 



11/04/2022
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