En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Ah, les Romains... (1)

 

 

   J'apprécie toujours en lisant un livre d'histoire qu'on me dise les âges des différents protagonistes ; il ne faut pas confondre Pline l'Ancien et Pline le Jeune ! Le premier est mort lors de l'éruption du Vésuve, en 79 avant notre ère : paix à ses cendres. L'historien et philosophe Lucien Jerphagnon réussit quand même à écrire : « Belle époque, quand on y songe, que le temps des Flaviens. Lorsque meurt Domitien en 96, Pline l'Ancien a 73 ans... » (Histoire de la Rome antique, 1987 puis poche 2002, p.317). Sauf qu'il est mort 17 ans avant à l'âge de 56 ans ! Ce détail ne saurait refroidir l'enthousiasme de Jerphagnon : « Peu de nations ou d'empires pourraient aligner en un si court laps de temps autant de gloires, présentes ou à venir. » Et surtout quand ce sont les historiens qui en décident par leurs fantaisies chronologiques ! Quant à Pline le Jeune, neveu et fils adoptif du précédent, il vécut fort agréablement et fort sagement au pied du volcan assagi, si l'on en croit le philosophe hédoniste normand Michel Onfray ; c'est une sagesse existentielle qui consiste à vivre réellement, et non dans les illusions métaphysiques d'un monde idéal ou idéel qui n'est pas le monde réel ; Michel Onfray dresse le panégyrique de la belle vie réussie de Pline le Jeune (l'otium romain par excellence!), qui voyait même dans le spectacle terrible des gladiateurs une leçon de sagesse : « un spectacle qui n'amollissait pas, incapable de relâcher ou de dégrader les âmes viriles, mais propres à les enflammer pour les belles blessures et le mépris de la mort, en faisant paraître jusque dans ces corps d'esclaves et de criminels l'amour de la gloire et le désir de la victoire. » Et Onfray ne résiste pas à la remarque suivante : «  où l'on comprend que la gladiature n'est pas ce qu'un millénaire et demi de christianisme en dit... » (Sagesse - Savoir vivre au pied d'un volcan, Albin Michel/Flammarion, 2019, coll. J'ai lu, 2020, pp. 571-572).

 

    Tout cela est assez amusant. Si Pline avait été dans l'arène son discours eût sans doute été différent ; en fait il n'y aurait pas eu de discours du tout ! Dans le registre comique, je renvoie aussi à une scène du film de Jean Yanne, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, où l'acteur Paul Préboist jouant le rôle d'un gardien de cage au lion expose au condamné (Coluche) les préférences du fauve, qu'il appelle affectueusement Lucien : « Il est très friand des Grecs... Sauf le Spartiate, il aime pas trop, trop sec le Spartiate, il joue avec les sandales mais il mange presque pas, le Gaulois ? Il chipote, trop alcoolisé le Gaulois, les Biafrais ? Il en veut pas, ça se comprend, remarque... Les Romains ? Ah, les Romains, c'est son dessert, ça ! » -

 

    Vidéo ci-dessous:

 



16/06/2022
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