En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Autour d'Objat

 

   Objat se trouve à 15 km au nord de Brive-La-Gaillarde; c'est une petite ville d'environ 3500 habitants, qui s'affiche comme "dynamique", et qui l'est par certains aspects; disons pour commencer que ce n'est pas une cité touristique; pas de monument remarquable, pas de fortifications, pas de château, pas de promontoire; tout juste une petite église, que nous n'avons même pas visitée (alors que nous sommes restés trois jours à Objat). Mais à la différence de la plupart des autres communes de la Corrèze, Objat gagne des habitants depuis un siècle; et la progression a même été forte depuis 1945 (de 2000 à 3600 !). Ce "dynamisme" peut s'expliquer par le passage tout proche de l'autoroute A.20 et par l'influence de Brive, qui ont permis à de nombreuses petites entreprises de venir s'installer ici; on ressent un peu toute cette activité en sortant du centre-ville et en prenant la route départementale qui mène justement à Brive. Quant à l'accueil touristique, il est tout de même des plus limités (fermeture de l'office du tourisme en raison du coronavirus); on devine une aire de camping et de loisirs (boulodrome) autour d'un plan d'eau, près duquel vient d'être construit un vilain bâtiment tout gris, dont la fonction principale m'échappe un peu: salle de spectacle ? brasserie-restaurant ? piscine ? Les trois, semble t-il.   

    Nous reprenons nos circuits vélo: après la belle escapade vers Collonges et Turenne, nous traçons un itinéraire plus resserré autour d'Objat, qui nous permettra de passer par Allassac, Le Saillant, Voutezac, puis Saint-Bonnet-la rivière, Rosiers de Juillac, Saint-Robert et Ayen; que de noms enchanteurs ! Victorine repère des petites routes de crêtes, fort accidentées, mais charmantes ô combien; on traverse en effet des hameaux fleuris et très paisibles sur les hauteurs d'Objat, avec leurs fours à pains médiévaux restaurés, avec même leur chapelle (en activité); Allassac est une petite ville pleine de curiosités: près de 4000 habitants (beaucoup de hameaux), un centre-bourg très vivant, une tour seigneuriale qu'on peut visiter, une belle église (Saint-Jean-Baptiste) d'allure extérieure un peu austère (schiste ardoisier) mais très élégante et lumineuse à l'intérieur (très beau vitrail), beaucoup de maisons anciennes plus ou moins restaurées, une place du XIV Juillet ombragée, quelques boutiques abandonnées (comme partout)...

   Nous faisons une pause déjeuner au bord de la Vézère sur la commune du Saillant; Victorine observe des libellules; libellule, l'un des plus jolis mots de la langue française. Mais le devoir cycliste nous appelle, il faut repartir. Voici maintenant Voutezac, en hauteur; passage rapide; la chaleur affaiblit un peu notre curiosité; étancher notre soif devient la seule obsession; pas un bar à Juillac ! Allez, encore un petit effort. Le paysage est charmant, panoramique, et la route des plus tranquilles. Nous arrivons à Saint-Robert, l'un des "plus beaux villages de France", avec sa petite place de l'église, ses maisons restaurées, ses rues étroites. Et surtout...  un bar ! Une "licence 3" qui ne propose pas de Coca mais uniquement des boissons naturelles et locales; parfait, le choix est vite fait, deux bières ! Et comme j'ai été très gentil Victorine m'offre deux boules de glace. Citron et framboise. Nous voilà requinqués; le retour à Objat (10 km environ) s'effectue sans difficulté. Notre séjour touche à son terme.

    Reste Brive, la grosse ville du département; nous y allons en voiture, puisque Victorine doit prendre le train; le centre-ville est délimité par la citadelle, et la circulation automobile très règlementée; il vaut mieux mettre sa voiture dans un parking souterrain. Tout se fait ensuite à pied. Nous visitons le musée Labenche qui se trouve dans un très beau bâtiment Renaissance; on y expose un peu de tout, beaucoup d'objets artisanaux d'autrefois, ainsi que des accordéons Dedenis (manufacture réputée de la Corrèze); il n'y a pas foule, un guide se propose de nous expliquer les tapisseries du XVIIe; non-non, merci, on préfère regarder en toute liberté. Dehors, grosse chaleur bien sûr; on va voir les grottes de Saint-Antoine de Padoue, un peu à l'extérieur du centre (20 minutes de marche); j'ignorais que ce grand saint avait mis les pieds à Brive; eh bien si, en 1226, et on dit même que la Vierge Marie lui apparut; le parc abrite aujourd'hui un monastère franciscain; des pèlerins viennent y faire une halte.

    Je rentre seul à Objat; la petite ville dynamique propose ce soir un concert donné par l'accordéoniste Nathalie Legay; entrée libre et gratuite; l'assistance assise est plutôt âgée (65-75 ans), autour de la buvette c'est légèrement plus jeune (50-65 ans); le concert est agréable, musette, variété populaire, quelques chansons exotiques (tangos, danses tropicales...); Nathalie Legay est accompagnée de sa fille, qui chante un peu et se trémousse sur la scène ("une beau brin de fille" comme dit ma voisine, et elle doit bientôt se présenter au concours de Miss Périgord), de son mari qui joue du clavier, de l'accordéon, et chante lui aussi; et de deux autres musiciens, un guitariste et un batteur. Nathalie Legay est très enjouée, c'est le premier concert qu'elle donne depuis le confinement, elle essaie d'entraîner et de dynamiser le public, "allez, c'est autre chose que BFM TV ce soir !" - Je la trouve fort sympathique cette musicienne; mais hélas, avec la fraîcheur de la nuit qui tombe, je ne parviens pas à m'exalter vraiment. Quelques couples dansent devant la scène.  

 

   Ainsi s'achèvent ces quelques aperçus de notre séjour en Corréze (et un peu dans le Lot); il y aurait beaucoup à écrire encore, mille points à développer, à vérifier, à creuser, à retourner; disons, pour conclure provisoirement, que nous avons été charmés par la bonne ambiance des lieux et des paysages, très reposante, en dépit de la canicule; c'est un département plein de curiosités, de savoirs-faire un peu oubliés, de villages fort paisibles qui tentent de survivre dans le contexte de la mondialisation économique; on éprouve parfois un peu de tristesse ou d'inquiétude; mais l'expérience touristique invite le plus souvent à se satisfaire de ce qu'on voit et de ce qu'on entend. Et libre ensuite à chacun de penser ce qu'il pense.

                                   

 



12/08/2020
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