En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Bilan de l'hiver

 

    Il n'a pas fait très froid sur Caen cet hiver; l'Orne n'a pas gelé; et nous n'avons pas eu de neige, juste une petite averse d'un quart d'heure un soir, très vite effacée. Il a plu, bien sûr, mais sans excès et sans doute moins que d'habitude; les cyclistes du quotidien ont apprécié cette relative sécheresse. Pour mes élèves lanceurs d'alerte climatique, tout cela prouve le réchauffement. J'ai vu en effet ma consommation de chauffage diminuer. Chez Victorine, qui habite une grande maison, le poêle à bois a tout de même beaucoup fonctionné et brûlé environ six stères; il faut de nouveau en commander, et sans doute sept. Vivre c'est prévoir ?

 

    "Gouverner c'est prévoir", disait je ne sais plus quel président ou ministre... Le pouvoir parisien et mondialiste incarné par Macron n'avait sans doute pas prévu la "fronde" des Gilets jaunes; une petite "fronde", certes, et qui n'a jamais affaibli les "structures" de l'Etat; mais une fronde tout de même, c'est à dire un mouvement social contre la politique fiscale et oligarchique du gouvernement "macronien" (oligarchie de conseillers spéciaux dotés de privilèges comme l'a montré l'affaire Benalla). Ce mouvement a duré tout l'hiver et rempli les pages des journaux; il a renforcé certains "clivages" sociaux et professionnels, mais peut-être en a t-il aussi adouci d'autres... Les avis sont partagés: pour les uns, ce mouvement est catastrophique, anarchique et violent, pour d'autres il témoigne d'une énergie sociale, populaire et démocratique pleine d'opinions pertinentes. Ce que j'en pense ? D'abord je n'y ai pas participé, même si je porte souvent le gilet jaune sur mon vélo. Disons que j'ai approuvé la critique globale de la politique macronienne et en particulier celle de l'augmentation des taxes pour favoriser la soi disant "transition écologique". Ensuite, je n'ai évidemment pas apprécié ni approuvé les violences, de la police comme de certains manifestants extrémistes; et je ne partage pas les dangereuses illusions ou invocations "radicales" des "réacs" nationalistes qui en appellent à une insurrection armée contre le pouvoir politique du bla-bla et de la corruption. Non à un nouveau 6 février 34 ! Enfin, je ne crois pas vraiment non plus à la solution d'une nouvelle démocratie, participative et décorative (Grand Débat), afin de régler les problèmes du pays.

 

   Connaissez-vous à ce propos les citations d'un ministre d'autrefois, Henri Queuille ? - En voici quatre, très adaptées à notre sujet:

    - "La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes, mais à faire taire ceux qui les posent." 

    - "Toute réforme fiscale consiste à supprimer des impôts sur des choses qui étaient taxées depuis longtemps, pour les remplacer par des nouveaux plus lourds, sur des choses qui ne l'étaient pas." 

    - "Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout."

    - "Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout." 

 

   Mon absence de croyance politique ou démocratique (et mon recours à la citation humoristique teintée de cynisme) s'explique aisément: d'une part je n'exerce aucun pouvoir* et je n'aime pas prendre de responsabilités publiques, d'autre part et en conséquence je suis un homme profondément privé, qui se tient toujours à l'écart des ambiances de foule ou de masse.

 

*: sauf à considérer comme Michel Foucault que le pouvoir est partout, et que le professeur exerce par exemple un pouvoir sur ses élèves; peut-être, mais ce n'est pas ce que j'appelle le pouvoir.

 

   L'hiver permet sans doute de conforter un peu la vie privée, par des lectures au coin du feu, par des nuits rêveuses et caressantes où l'énergie sociale (publique) et rationnelle se dissout, remplacée par des visions incongrues et fantastiques. Sans doute la télévision joue t-elle un rôle important à cet égard; c'est elle qui bien souvent fournit des images pour la nuit; c'est elle aussi qui amoindrit la faculté de jugement critique et augmente la culture du doute, de la suspicion, du complot; "on n'est jamais sûr de rien avec la télévision..." disait déjà François Mauriac à la fin des années 1950**.

 

**: cette citation a donné le titre d'un livre où sont rassemblées ses chroniques de téléspectateur délivrées entre 1959 et 1964, d'abord pour L'Express puis pour Le Figaro littéraire - Editions Bartillat, 2008.

 

   A la télé, j'ai donc pu apprécier le tournoi de rugby des VI Nations (le sport permet encore de célébrer les nations !) - Une fois de plus, ce fut un excellent tournoi, marqué par des matchs splendides, comme Angleterre-Ecosse*** (que je n'ai pas pu voir !) ou Pays-de-Galles -Angleterre; les Gallois ont réalisé le Grand Chelem, soutenus par un public homogène qui sait chanter****. Quant à l'équipe de France, décomposée, recomposée, hétérogène, elle a une fois de plus beaucoup déçu, terminant quatrième du tournoi et fort loin du niveau de jeu pratiqué par les Gallois et les Anglais.

 

***: menés 31-0 au bout d'une demi heure de jeu, les Ecossais ont ensuite marqué 38 points, devant des Anglais médusés, qui ont arraché le match nul par un dernier essai marqué à la 82e minute !  

 

****: sur internet j'ai trouvé un document vidéo historique: celui des hymnes lors du match Galles-France du 23 mars 1968. Je vous laisse apprécier...

 

                     

                  

    

 



23/03/2019
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres