En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Bilan de la Ligue 1

 

    J'ai très peu parlé de foot jusqu'ici; la saison du championnat de France de Ligue 1 vient de s'achever; elle fut globalement d'un médiocre niveau de jeu, émaillée de fautes techniques et de nombreuses erreurs d'arbitrage, y compris avec l'assistance vidéo (VAR); les journalistes en ont beaucoup débattu sans oser pointer du doigt les véritables causes d'un championnat à la fois surestimé et dévalué. Le public, lui, laisse plus souvent exprimer son mécontentement en accusant parfois les dirigeants des clubs et les comportements de certains joueurs. Les ambiances sont toutefois très versatiles; et il suffit d'un "bon match" avec de belles actions pour réconcilier les uns et les autres.

 

    A l'image du PSG, vainqueur du championnat, les équipes à gros budget et bénéficiant des sollicitudes et des complaisances des médias (surtout télé), ont beaucoup déçu leurs "supporters", notamment les "kops"* qui déploient dans les tribunes des banderoles accusatrices: joueurs trop payés et fainéants, ne mouillant pas le maillot, dirigeants pourris et incompétents, vivant en milieu fermé (ploutocratie décadente). Les kops en question, toutefois, ont été expurgés de leurs membres les plus agressifs ou vindicatifs; et l'on peut dire que le niveau de passion populaire pour le foot (français) a diminué au cours des dernières saisons; dans beaucoup de stades, les ambiances sont devenues plan-plan voire indifférentes; une bonne partie du public va voir les matchs parce qu'elle est abonnée; un public surtout masculin qui le temps d'une soirée (ou d'un après-midi) peut se livrer à des remarques un peu graveleuses et politiquement incorrectes, qui sont interdites par ailleurs. 

 

*: les kops désignent les parties les plus ferventes du public, organisées en groupes compacts, et occupant le plus souvent les tribunes à l'arrière des buts. Le phénomène a beaucoup perdu de sa vigueur au cours des dernières années, les dirigeants des clubs et des fédérations ayant tout fait pour en briser précisément la force dérangeante, inconvenante voire "dissidente".

 

   La saison a également été désorganisée par le mouvement des gilets jaunes qui a mobilisé des forces de police qui normalement étaient prévues pour certains matchs du samedi soir; les dirigeants des clubs (souvent proches du milieu politique) ont obtempéré au ministère de l'intérieur afin de reporter les matchs en question; le championnat fut par conséquent un peu faussé, comme l'ont fait observer des journalistes; en tout cas, il n'y eut aucun suspense en raison de l'outrageuse domination du PSG; domination financière et médiatique concrétisée sur le terrain par un niveau de jeu technique largement supérieur à celui, très indigent, de la plupart des autres équipes du championnat.

   Cette pauvreté technique (insuffisance des dribbles, des passes, des combinaisons, des frappes) peut surprendre quand l'on sait que tous les clubs professionnels de Ligue 1 sont dotés de centres de formation et d'équipements d'entraînement très confortables voire luxueux. Mais elle peut s'expliquer par le manque de sérieux et la mentalité déplorable de certains joueurs, minoritaires sans doute, mais qui finissent par polluer les ambiances des groupes et par décourager les entraîneurs et les techniciens. Il ne faut jamais perdre de vue que le football est un sport collectif où la bonne entente entre les joueurs joue un rôle déterminant. Cette bonne entente fit autrefois la force et même l'identité de jeu de Saint Etienne et de Nantes.

   Nantes, précisément, a connu une saison tragique par la mort de son attaquant Emiliano Sala; la chaîne de télé L'Equipe a diffusé cette semaine un documentaire consacré à cette tragédie; où l'on a pu voir, et je n'entre pas dans les détails financiers les plus sordides, que ce valeureux joueur argentin a été "vendu" contre son gré au club de Cardiff, que son transfert s'est déroulé dans des conditions lamentables, jusqu'à l'utilisation d'un petit avion privé piloté par un amateur, un soir de tempête, pour aller de Nantes au Pays de Galles. Où l'on a pu comprendre, finalement, que le foot professionnel est dominé et déterminé par le capitalisme le plus affairiste qui soit, incarné entre autres par le président (et son fils) du club de Nantes.    

 

    Devant de tels faits, il est impossible de ne pas être nostalgique du foot des années 1970, et à la rigueur des années 80. J'ai montré cette semaine à mes élèves, dans le cadre d'un cours sur l'évolution des sports en France pendant les Trente Glorieuses, un résumé vidéo du match épique de Saint Etienne contre Kiev le 17 mars 1976. Le voici:

 

              

 

    

                          

 



25/05/2019
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