En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Championnats du monde de cyclisme 2023

 

 

 

     En attendant la coupe du monde de rugby, championnats du monde de cyclisme sur route hier après-midi ; je ne pensais pas trop regarder, mais il s'est avéré vite impossible de faire autrement. Course assez incroyable sur un circuit de ville infernal, Glasgow en l'occurrence. Pasteur, Jalabert, Marion aux commentaires (trio infernal?). Le peloton est composé d'équipes nationales (la seule fois de l'année et c'est ce qui fait le charme de cette épreuve). Pogacar porte donc le maillot vert tendre de la Slovénie. Vingegaard n'est pas venu, comme bon nombre d'autres coureurs, fatigués par le Tour ou en préparation de la Vuelta. Pas de frères Yates, pas de Roglic, pas de Carapaz, pas de Rodriguez, pas de Hindley. Pas de Guillaume Martin ! L'équipe de France affiche quand même quelques petites ambitions avec Alaphilippe et Laporte. Mais le sélectionneur Voeckler trouve que le circuit de Glasgow est indigne avec ses 48 virages. C'est aussi l'avis de Jalabert et de Marion Rousse.

   Avant d'arriver en ville le peloton traverse la campagne écossaise en partant de Edimbourg. Je connais un peu ce coin-là. C'est très vert et l'eau est noire. Cela vient de l'acidité du sol. Les routes sont étroites et il faut rouler à gauche. Au bout d'une heure, la course est interrompue par des manifestants écologistes qui se sont fixés au sol les mains coulées dans du ciment ! Il faut un certain temps pour les desceller ! Jalabert est consterné : l'organisation n'a même pas été fichue de repérer ces manifestants qui ont tranquillement pu effectuer leur opération. La course est retardée d'une heure, ce qui veut dire que le peloton va se retrouver sous l'averse de 16 heures, se désole Marion Rousse. Et une averse sur un circuit très dangereux de 48 virages, ça va faire mal !

 

    Bref, on l'a compris, les Français râlent toujours; la télévision nous montre quelques vues aériennes de Glasgow : beaucoup d'équipements « modernes » dédiés aux sports et à la « culture ». Franck Ferrand n'est pas là pour commenter. Nicolas Geay lui est bien là, et il commente les épreuves sur piste (ou le BMX je ne sais plus). Cela me donne le temps de lire vingt pages de Balzac.

    Retour à la course. Le circuit est en effet très technique et convient parfaitement aux cyclo-cross-men d'exception que sont van der Poel et van Aert. Je trouve bien dommage que Pidcock lui aussi très bon cyclo-cross man (et britannique en plus) ne dispute pas ce championnat du monde (il se réserve pour le titre mondial de VTT qui se jouera dimanche prochain). Le rythme est bien sûr très élevé, et les Français disparaissent assez vite des premiers rangs, Alaphilippe tente une petite attaque décorative qui montre surtout qu'il n'est pas du tout dans le coup (sa saison est assez catastrophique). Les Belges imposent la cadence, mais pour qui ? Pour van Aert, c'est évident, répond Jalabert. Même si Evenepoël semble en forme lui aussi ? s'interroge Pasteur. Ce parcours trop technique ne lui convient pas, estime le consultant de France TV. Pogacar semble dans le coup, on repère très vite son maillot vert en tête de la course.

    Le peloton n'existe plus, il s'est fractionné en plusieurs petits groupes. Arrive la pluie vers 16 heures, comme prévu. Il reste encore 70 km ! La course devient stressante, toutes les parties du circuit ne sont pas mouillées. En F.1 on change les pneus. Pas en cyclisme. La pluie redouble. L'Italien Bettiol attaque. Derrière lui un quatuor sous les cordes part à sa poursuite : Pogacar, van Aert, van der Poel et Pedersen. La course est passionnante il faut bien le reconnaître, n'en déplaise aux esprits chagrins français. Mon collègue philosophe m'envoie des SMS, « alors, Pogacar, tu y crois ? » - Oui, j'y crois, mais c'est un parcours qui convient mieux aux deux van... Lequel des deux ? Jalabert mise sur van Aert. J'ai une préférence pour van der Poel. Et c'est lui qui attaque à une vingtaine de km de l'arrivée. Bettiol est vite rattrapé. Les trois autres sont asphyxiés.

   Le champion hollandais accroît son avance, dix, vingt puis trente secondes. C'est gagné ? Il chute ! Une grosse glissade dans un virage serré, son vélo à terre heurte la barrière d'en face. Il se relève, la chaussure desserrée, mais tout le reste est en état de marche, il n'a perdu que dix secondes, se relance, transcendé par le contre-temps. Derrière les trois autres sont à fond mais ne rattrapent plus rien, et perdent même encore des secondes. Van der Poel l'emporte finalement avec plus d'une minute trente d'avance ! Van Aert prend la deuxième place et Pogacar arrache la troisième au sprinteur danois Pedersen. C'est un podium XXL.

 

    Les championnats du monde retrouvent un peu de leur lustre d'antan avec ce type de course. On ne peut que s'en féliciter. On a trop connu dans les années 2000-2010 des championnats du monde très quelconques où s'imposaient des coureurs opportunistes (Astarloa, Oscar Freire, Ballan, Bettini, Hushovd...). Les trois titres de Sagan puis les deux de Alaphilippe ont sans doute relancé l'intérêt médiatique de l'épreuve. Dans deux ans, elle aura lieu à Kigali au Rwanda ! La mondialisation voulue par l'UCI. Mais le choix de l'Erythrée aurait été plus judicieux sur le plan sportif. D'autres critères ont prévalu manifestement. Belle victoire géopolitique pour monsieur Kagamé. Mais on verra. Deux ans c'est long. Il peut s'en passer des choses d'ici là...

 

 



07/08/2023
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres