Déconfinement ?
J'en conviens, mon précédent article fut d'un style confiné, un peu irrespirable. Il venait conclure une semaine fort studieuse où j'ai dû rédiger quelques cours sur le Proche et le Moyen Orient, en essayant de concilier la clarté, la neutralité, la fiabilité; personne ne m'a répondu, soit qu'on a rien trouvé à y redire, soit qu'on s'en fiche un peu, beaucoup, complètement.
Personne non plus n'ose critiquer le confinement obligatoire; et pourtant, l'aération et les courants d'air nous feraient le plus grand bien, comme l'explique ce monsieur de 82 ans, interrogé en 1964 (voir vidéo en bas). Sur internet les hypothèses et commentaires vont bon train quant à la suite du confinement; ça va casser, disent les uns, les policiers auraient même reçu l'ordre de relâcher un peu les contrôles, et il est avéré que des centaines de milliers de personnes ont pu quitter leurs domiciles pour les vacances de printemps; les stations balnéaires (chics) du grand Ouest de la France sont remplies de monde, au grand dam des autorités municipales. Pour d'autres internautes, en revanche, le confinement va durer au-delà des vacances et sans entraîner d'émeute; au contraire, la population majoritaire devient indolente, un peu "amortie" ou "anesthésiée"; même si les médias télé exercent une pression "anxiogène" sur le public en diffusant des reportages d'hôpitaux et de médecins débordés, sur les réseaux sociaux c'est plutôt la bonne humeur conviviale qui l'emporte, avec toutes sortes d'idées ou de recettes pour bien vivre le confinement; les écologistes semblent ravis de la situation: moins de bruit, moins de pollution, moins de vitesse et de précipitation, et l'occasion de faire preuve d'une bonne "résilience", c'est à dire d'une résistance sereine et apaisée au virus.
Comme d'habitude, avec le printemps, je suis sujet aux allergies, j'éternue en rafale, je sors mouchoir sur mouchoir, je renifle sans cesse, et j'ai les yeux tout rouges; dans les files d'attente des commerces, on me regarde de travers, on murmure, on prend ses distances, je perçois même des moues accusatrices: vous pourriez mettre un masque au moins ! Il paraît que le virus est très volatil; et très mystérieux encore. Les laboratoires font des recherches, "en même temps" que les experts accrédités discréditent les traitements simples; est notamment visé le docteur Raoult, qui, à la manière du "tonton flingueur" éponyme, se montre parfois bien présomptueux (voir autre vidéo en bas).
Pâques, rappelons-le, a toujours lieu au printemps, entre le 22 mars et le 25 avril, cela dépend de la pleine lune qui suit l'équinoxe; il peut faire froid (Pâques aux tisons...) ou très beau temps (Pâques au balcon...). Pour les chrétiens c'est la fête de la résurrection de Jésus-Christ; tel un poussin sortant de sa coquille, Jésus est sorti de son tombeau; et c'est pourquoi l'on offre des oeufs de Pâques. Quant aux lapins, je ne sais pas trop: un appel à la procréation ? Pour ma part je vois dans cette fête de la résurrection un appel au déconfinement; comme le dit le monsieur de 82 ans sur la vidéo ci-dessous, il faut que l'Eglise elle aussi comprenne les bienfaits des courants d'air. Ne parle t-elle pas sans cesse d'ailleurs du souffle de l'esprit sain ? Jésus lui-même vivait en plein air, sauf les derniers jours de sa vie terrestre où il fut amené à comparaître devant les autorités juives et romaines de Jérusalem. Jérusalem, aujourd'hui encore, est une ville très confinée, avec des rues étroites, des murs de séparation entre juifs et musulmans, une ville étouffante et crispante selon les athées ou les sceptiques; certains croyants apprécient en revanche cette atmosphère tendue, électrique, "énergisante", qui donne à la foi une ferveur combative, voire combattante.
Si j'en crois Jean-Jacques Rousseau, et Nietzsche aussi dans une certaine mesure, les promenades au grand air favorisent au contraire des sentiments plus paisibles et une manière de penser plus transparente qui aspire à la sincérité; dans les villes confinées, en revanche, tout est dissimulation et artifice, tout est mise en scène, parade, démonstration; tout est compétition et rivalités (littéraires, artistiques). Il y aurait en effet beaucoup à dire et à redire sur les formes urbaines, citadines, ou métropolitaines de la culture, qui sont devenues les formes dominantes voire totalitaires de la compréhension du monde et des hommes. Il importe donc de les nuancer ou de les contester par une approche plus déconfinée et plus aérée de la pensée ou de la raison; et du reste, cette nécessité de prendre l'air et de prendre ses distances avec la Ville n'est pas nouvelle. On la rencontre à Rome (la Ville par excellence !) chez différents poètes et philosophes au Ier siècle de notre ère... On la rencontre aussi chez certains empereurs eux-mêmes. Je pense à Néron qui se disait poète, philosophe et artiste. Ce sera d'ailleurs le sujet de ma prochaine chronique.
- Le traitement du tonton flingueur Raoul, dans "Les tontons flingueurs", de Georges Lautner, 1963.
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