En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

En Sardaigne -2

 

     A Bosa on entend un peu parler français, cela doit sans doute s'expliquer par les bons commentaires du Guide du Routard à propos de cette petite ville de caractère, avec ses ruelles étroites et ses maisons colorées qui s'étagent sur le flanc d'une colline; de l'ancienne forteresse au sommet le visiteur s'offre un beau point de vue sur le paysage montagneux et sur la mer; la cité de Bosa respire une certaine tranquillité, sans être dépourvue de services et de commerces; quelques touristes résident dans des B&B de bon niveau situés au coeur de la vieille ville; après la forte chaleur de la journée, ils font une promenade le long de la rivière, passent un pont, reviennent par le suivant, et achèvent la soirée par un apéro Spritz dans un des nombreux restaurants de la rue principale. La plupart des commerces restent ouverts jusque fort tard dans la soirée, au-delà de dix-heures.

    Quant à nous, notre hébergement se trouve un peu à l'écart du centre-ville, disons à dix minutes à pied; il appartient à un jeune couple et est aménagé de façon "moderne" avec des matériaux disons un peu clinquants, notamment la salle de bains avec sa douche à plusieurs jets. L'équipement audio-visuel connecté semble aussi relever de cette "modernité" qui cela dit ne fonctionne pas toujours très bien; plusieurs télé-commandes sont à notre disposition, on ne sait jamais laquelle est la bonne, on appuie un peu au hasard sur certains boutons, et les piles sont sans doute usagées. Je vérifie pour ma part si l'on capte bien la Rai 2 qui retransmet le Tour de France; lors de notre arrivée, ce n'est pas tout à fait le cas, et la wi-fi est indisponible; les choses finissent par se rétablir, il faut un peu de patience... méditerranéenne !

    L'aspect le plus ingrat du séjour c'est d'aller faire les courses et de ne pouvoir profiter des bons produits bien préparés de la région; l'idéal serait d'être invités dans une "bonne maison", tout en participant un peu aux frais et aux tâches; Victorine n'aime guère les restaurants; et les adolescents qui sont avec nous n'ont pas encore l'âge d'apprécier le plaisir de la table; bref, la mauvaise alimentation de notre séjour m'affecte quelque peu; je me sens affaibli et sans enthousiasme, l'esprit légèrement ombrageux sous le soleil brûlant; mais il me suffit juste d'un bon repas, de plusieurs verres de vin et de quelques joyeux propos échangés pour que tout aille tout de suite beaucoup mieux. Mon moral n'est pas très compliqué à comprendre.

   

     Nous quittons Bosa vendredi 26 (c'est à dire hier au moment où j'écris ces lignes !); au volant d'une bonne voiture italienne de location, Victorine nous emmène de l'autre côté de l'île en passant par Macomer et Nuoro (voir la carte de la chronique précédente); ce sont des paysages de plus en plus abrupts, et l'arrivée à Dorgali puis à Cala Gonone sur la côte orientale ne manque pas d'une certaine splendeur. Victorine est emballée par le site, exceptionnel en effet, et les deux adolescents se jettent tout de suite à l'eau; quant à moi je me mets à la recherche d'un petit restaurant pour déjeuner; bref, chacun est dans son style ou son registre. Objectif commun: arriver à 18 h à l'aéroport d'Olbia. Nous reprenons la route, en longeant la côte; nouvel arrêt baignade à Orosei, où la mer cette fois offre des vagues assez fortes (mais je ne suis pas un spécialiste de la question). La chaleur de l'après-midi est un peu atténuée par le vent et je parviens à rester sur la plage. Etonnant spectacle démocratique: tous ces corps quasiment nus, tous ces petits cris de baignade, tous ces gens qui somnolent, toutes ces différences, d'âges, de peaux, de muscles, de formes, de caractères et d'opinions, de goûts et de comportements, tout ce "potentiel" d'amours et de rivalités sur quelques dizaines de mètres carré de sable fin, et finalement une ambiance tranquille et bon-enfant; c'est peut-être cela la civilisation ?

     Dans une autre localité balnéaire, appelée La Caletta, nous faisons cette fois une pause dégustation de glaces; c'est une spécialité italienne; je choisis un cône (cono) à deux boules (2 gusti): citron et mangue; à la fois crémeux et doux, un délice ! Rien à voir avec ces méchantes glaces françaises trop gelées qui me font mal aux tempes. Au passage nous aidons au bord de la plage à pousser la voiture ensablée d'un vieux monsieur; le vent est devenu assez fort et Victorine ne regrette pas d'avoir choisi la côte occidentale, plus abritée. Quoi qu'il en soit il faut partir, le séjour s'achève. Un peu de stress en arrivant à l'aéroport car il faut trouver une pompe pour faire le plein de la voiture de location; ce sont là les petites contraintes et obligations de la démocratie touristique ! Autre inconvénient: les formalités de l'aéroport; personnellement m'est pénible le passage de la sécurité où il faut enlever sa ceinture et parfois même se déchausser; mon côté pudique sans doute, mais pas seulement; je pense qu'il y a là un aspect de notre "mondialisation" qui me gêne et avec lequel je suis même en décaccord, ou disons en "discordance".  Victorine quant à elle n'aime pas les galeries marchandes avec les parfums et cosmétiques. Les adolescents, enfin, plongés dans leurs portables, semblent un peu hermétiques à l'environnement matériel et commercial. A moins que cet hermétisme soit au contraire la preuve de leur immersion et intégration totales dans cet environnement.

    L'avion atterrit à Orly avec un peu de retard; une grosse averse orageuse nous accueille; nous rentrons de nuit vers la Normandie. Je prends connaissance de l'étape du Tour de France que je n'ai pas vu voir. Pinot a abandonné et Alaphilippe a perdu son maillot jaune. La fin et le bilan du Tour feront l'objet de mon prochain article.                                        

 



27/07/2019
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