En Touraine (2)
La Touraine est réputée pour ses châteaux, ses belles demeures, son calme paysager et ses effets aquatiques; les cours d'eau sont nombreux, la Loire bien sûr, mais aussi le Cher, l'Indre et la Vienne; Azay-le-Rideau par exemple se trouve sur l'Indre, tandis que le Cher coule à Chenonceau et la Vienne à Chinon; le modeste prof de géo que je suis peut se tromper; et du reste on n'enseigne plus l'hydrographie (alors qu'on veut sensibiliser les élèves à l'environnement...). Les effets aquatiques (calme apparent mais force terrible de l'eau) inspirent sans doute les écrivains et les penseurs; outre Grégoire de Tours, on peut citer Rabelais, Ronsard, Descartes, Balzac, Vigny, et d'autres encore... Près d'Azay-le-Rideau, Balzac venait de temps en temps au petit château de Saché, pour fuir l'agitation et les soucis financiers de Paris, mais aussi pour écrire "tranquillement", à raison de 16 heures par jour (parfois plus). Le château en question est fermé le mardi et nous n'avons pu le visiter.
Bien sûr, impossible de parler de la Touraine sans parler de Tours qui en est la capitale; là aussi un château, qui est fermé le lundi, et que nous n'avons pas pu visiter non plus. A Tours coule la Loire, on ne peut la manquer, elle est immense, souvent divisée en deux ou trois bras séparés par des petites îles sauvages; coule aussi le Cher vers la partie sud de la ville, où nous ne sommes pas allés; le "Vieux Tours" avec ses hôtels particuliers Renaissance, sa cathédrale et sa basilique Saint-Martin se trouve au nord de la ville. L'activité touristique y est modérée; on ne se bouscule pas pour prendre place dans les nombreux restaurants; du reste, nous mangeons des sandwichs. La maison natale de Balzac a été détruite par les terribles bombardements de la seconde guerre qui ont endommagé plus d'un tiers de la ville et certains de ses plus beaux bâtiments. Tours était alors un carrefour ferroviaire et routier important, une ville de commerce florissant; elle l'est beaucoup moins à présent; elle est même devenue une petite ville discrète, et très administrative, au contact de l'aire d'influence de Paris. La grande rue nationale, très longue, très rectiligne, est aujourd'hui réservée au passage du tram, mis en service en 2013; c'est une forte réalisation technique, plutôt silencieuse voire élégante, grâce à son alimentation par le sol; mais nul doute qu'elle a dû susciter bien des critiques (commerçants, écologistes, contribuables !). La ville vient d'élire un maire "écolo", Emmanuel Denis, ingénieur en puces électroniques. On peut interpréter le vote "écolo" comme un désir de modération technique et de conservatisme environnemental, et c'est sans doute vrai à Tours.
Environnement protégé, mais de quoi ? et de qui ? Sur ce point les avis divergent et s'affrontent. La lecture du quotidien local, La Nouvelle République, ne nous apprend pas grand chose: quelques critiques superficielles contre le nouveau gouvernement du méridional Jean Castex. Comparé à Ouest-France, c'est un journal assez minable. Nous quittons Tours. Nous voici maintenant à Chinon, ravissante cité sur la Vienne, presque endormie à l'ombre de sa forteresse. Il faudrait plusieurs jours pour commenter les lieux; nous ne restons que deux heures, le temps d'arpenter le "centre historique" et de manger un sandwich au bord de la Vienne. Le soleil et la chaleur (modérée) rendent les choses agréables et fugitives. Un peu plus loin, nous nous arrêtons à Montsoreau, cette fois au bord de la Loire, petite cité très chic avec ses belles demeures discrètes entourées d'arbres et parfois taillées dans la roche (les filles de Victorine découvrent le terme "troglodyte"; je signale au passage que c'est une autre lacune de l'enseignement de l'histoire et de la géographie: pas un mot sur l'habitat, son évolution, ses formes régionales, son architecture, etc.) - Nous sommes fort démunis en vocabulaire, y compris les adultes et y compris un prof de géo, pour nommer et désigner ce que nous voyons; certes, nous savons apprécier, admirer, contempler; c'est déjà ça. A Montsoreau se trouve le siège administratif du parc naturel Loire-Anjou-Touraine, créé en 1996: autre signe de la politique de protection environnementale, qui me semble fort bien ancrée à présent dans les moeurs des Français du "Centre"...
Disons pour finir que la Touraine ne constitue pas une région au sens administratif, car elle fait partie d'un ensemble un peu hybride appelé Centre-Val de Loire, et qu'elle déborde un peu sur un autre ensemble, sans doute plus homogène, celui des Pays de la Loire. Toujours est-il que ce sont là des régions très verdoyantes et plutôt humides, qui n'attirent pas les foules touristiques, mais plaisent sans doute beaucoup aux retraités qui ont de l'argent (pour aller au restaurant voire pour acheter un bien immobilier) et qui apprécient l'architecture, l'histoire, la littérature, etc.
Je donnerai dans la troisième et dernière partie quelques illustrations commentées de ce bref séjour en Touraine.
A suivre....
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