En attendant le Déluge

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Etape 5: Pau-Laruns

 

 

    L'étape du jour entre Pau et Laruns avec les très difficiles ascensions du Soudet et de Marie Blanque a vu la victoire du jeune Australien Jai Hindley, échappé dans un groupe d'une trentaine de coureurs. Il a progressivement lâché ses partenaires puis a résisté au retour des favoris. Les favoris ? Vingegaard a décroché Pogacar dans la montée de Marie Blanque et creusé l'écart dans la descente. Plus d'une minute concédée par le jeune Slovène. Hindley s'empare du maillot jaune et plus que jamais fait figure d'outsider n°1. L'étape a été jugée passionnante par les journalistes, qui se posent bien sûr la question de l'état de forme de Pogacar, qui a clairement montré ses limites aujourd'hui. On peut aussi se poser la même question pour Vingegaard en se demandant combien de temps il pourra tenir à ce niveau ? Va-t-il enfoncer le clou demain ? Eh bien on le saura demain !

 

   Ce n'est pas un coureur très exubérant, tout ramassé sur son vélo ; il se met peu en danseuse. Ses propos sont très calculés et semblent énigmatiques. On ne peut qu'être étonné tout de même de la puissance extraordinaire de ce petit bonhomme taciturne. Voilà trois ans maintenant qu'il a éclaté au plus haut niveau ; auparavant, c'était un coureur danois parmi d'autres, rien de plus. Qu'est-il donc arrivé ?

 

   Les coureurs français ont été très discrets aujourd'hui : Gaudu, Bardet, Pinot, Martin ont eu bien du mal à rester dans le groupe du maillot jaune. Un maillot jaune lui aussi très discret, Adam Yates, et qui n'a pas été d'un grand secours pour Pogacar. On voit mal qui ou quoi peut contester la supériorité de Vingegaard. Une chute, oui, bien sûr, mais aussi peu sympathique que soit le coureur en question, on ne va tout de même pas le souhaiter... 

 

   Côté paysages et tourisme, l'étape a montré des petits villages et deux petites villes, Oloron Sainte-Marie et Laruns ; mais le nombre des hameaux et lieux-dits est impressionnant : sur la seule comme d'Arette, 1000 habitants environ, on en compte près de 230 ! La densité est de 12 hab/km2. Deux manières de voir les choses : c'est la tranquillité assurée, mais c'est aussi l'isolement le plus total. Il faut avoir son permis voiture, et c'est un vrai souci quand on ne l'a pas, ou qu'on le perd et qu'il faut le repasser, ainsi que l'a évoqué un jour le député béarnais Jean Lassalle au cours d'une intervention mémorable à l'Assemblée nationale. On peut espérer que les habitants se connaissent bien et soient solidaires.

   Toujours est-il que les Pyrénées n'offrent pas toutes les conditions du tourisme le plus débridé qui soit ; tant mieux sans doute. Ne règnent pas toujours le beau temps, le soleil, la chaleur ; au sommet du Soudet dans la brume il ne faisait pas plus de 10° aujourd'hui. C'est un coin idéal pour lire et pour écrire, ainsi que nous le suggère Franck Ferrand en évoquant Marguerite de Navarre qui put y composer tranquillement son Heptameron, loin des tumultes et des intrigues de la Cour. Le Béarn fut même, si j'en crois le grand géographe Paul Vidal de La Blache, une sorte de petit Etat autonome avant son rattachement à la couronne royale sous Henri de Navarre...1

 

    Féru de géologie et de topographie, Franck Ferrand ne pouvait enfin passer sous silence que le village d'Arette fut détruit à 80 % par un tremblement de terre au mois d'août 1967. Une seule personne fut tuée.

 

1: Le géographe parle même d'une « brillante civilisation » du Midi pyrénéen, d'une « perle échappée au naufrage où sombra au XIIIe la civilisation du reste du Midi » - Tableau de la géographie de la France, 1903, réédité par La Table Ronde, coll. Petite Vermillon, 1994, pp. 515-516.

 



05/07/2023
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