En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Journal de confinement (2)

 

   Les mesures de confinement se renforcent; le lycée est fermé; j'ai ramené juste à temps mes manuels à la maison; une certaine frénésie d'enseignement virtuel s'est emparée d'un bon nombre de profs; les serveurs saturent un peu; la rectrice et les inspecteurs, tout en félicitant les enseignants, appellent à la modération: il ne faut pas "noyer" les élèves !

    Il fait beau, enfin, après trois mois d'averses et de vent; j'en profite pour tailler la haie; j'ai repris le vélo dimanche dernier; la végétation est en train d'exploser. Difficile de ne pas trouver agréable une telle situation; "ça va faire du bien" dit Victorine; le président Macron a invité à la lecture; pour une fois que je l'approuve !

    Cela dit, qu'en est-il dans les grandes villes, dans les banlieues dégradées, dans les "quartiers sensibles" ? Dans les zones reculées de montagne ? Comment les mesures de confinement y sont-elles appliquées ? respectées ? En répétant à six reprises "nous sommes en guerre", le président Macron a semble t-il voulu créer un choc dans l'opinion; mais quel sera ce choc ? Les journalistes font la moue. 

    

    Ici, confinement tranquille: je suis donc allé voter dimanche, sans peur ni reproche; au bureau de quartier, n° 18-3, quasi désert, on me signale que ma carte électorale n'est plus valide; pas de problème, la république a tout prévu; je vais chercher un justificatif dans une pièce voisine, et deux minutes plus tard, je peux glisser mon bulletin dans l'urne; on me demande donc le justificatif, que je ne parviens pas à retrouver. Le coronavirus me perturbe, dis-je à l'assesseur; amusement autour de l'urne. Je me fouille; bon, le voilà, il est dans ma poche arrière; avec tous ces papiers, la carte d'identité, le bulletin, le justificatif, la carte électorale périmée, on s'y perd un peu. L'assesseur est rassuré. A voté. J'ai donc voté pour le maire sortant, droite modérée, un ancien sportif de haut niveau; qui a d'ailleurs été réélu dès le soir même, avec deux fois plus de voix que la liste écolo qui se satisfait de sa bonne deuxième place, loin devant les autres listes de gauche.

 

   On peut être écolo sans voter écolo, c'est un peu mon cas; ainsi, j'ai repris le vélo: jambes un peu blanches et un peu molles; mais le souffle est bon; presque personne sur les routes; très belle ambiance pré-printanière, avec un vent frais de 20 km/h qui oblige à appuyer un peu sur les pédales. Les petites routes de campagne sont parfois recouvertes de galettes de terre laissées par les engins agricoles; d'habitude en arrivant en ville il faut ralentir et céder le passage aux voitures, mais cette fois non, je peux même accélérer sur le boulevard qui me conduit à mon appartement; personne pour klaxonner parce que je n'utilise pas la voie cyclable; et de toute façon je vais à 30, c'est la vitesse imposée aux automobilistes.

 

    On dit les Français indisciplinés; c'est possible, c'est même certain; en tout cas, cette crise de coronavirus oblige à des comportements très stricts; encore une histoire de papier, j'apprends aujourd'hui qu'il faut une attestation pour se déplacer, par exemple aller faire ses courses, ou du vélo dans la campagne autour de chez soi; c'est une situation inouïe, quand on y pense, même si l'ambiance pré-printanière ensoleillée adoucit ou dissout pour l'instant l'inquiétude; et pendant ce temps, le virus progresse; le télé-travail me donne un peu de fièvre; il parait qu'il n'y a rien à faire si on est touché; donc, ne bougeons pas.

 

   A suivre...       

             

 



18/03/2020
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