En attendant le Déluge

En attendant le Déluge

Wimbledon années 1980

 

 

    Les meilleurs joueurs de Wimbledon des années 80 furent Borg, Mac Enroe, Connors, Becker, Cash, Edberg. Tous vainqueurs. Et dans des styles très différents. Chez les femmes, Martina Navratilova remporta sept fois le tournoi au cours de la décennie ! Elle était plus puissante que ses rivales. Mais pas seulement. Sur le gazon la vitesse de la balle, qui fuse et ne rebondit pas autant que sur les autres surfaces, est un facteur déterminant de réussite. Avoir un très bon service est important mais ne suffit pas, il faut aussi savoir smasher et volleyer ; dans ce domaine Stefan Edberg était un modèle. On peut revoir sur internet des extraits des Wimbledon d'autrefois. Le gazon du court central est en grande partie pelé au bout de la quinzaine lorsque se jouent les finales. Les balles sont blanches et leur vitesse ne permet pas de bien apprécier à l'écran les trajectoires ; les images ont un peu vieilli.

   J'ai quelques souvenirs de matchs vus en direct : le dernier set de la finale 1980 entre Borg et Mac Enroe remporté 8-6 par le champion suédois. Le jeune Américain prendra sa revanche l'année suivante mais sera battu en 1982 par un « ancien », Connors, 30 ans, qui avait déjà gagné le tournoi en 1974. Mac Enroe, le plus talentueux ou génial des joueurs de cette décennie, n'a pas dominé Wimbledon comme on aurait pu s'y attendre ; ses trois victoires de 1981, 1983 et 1984 furent cependant cinglantes, voire expéditives : 6-2, 6-2, 6-2 contre Lewis, puis 6-1, 6-1, 6-2 contre Connors. Alors que ses deux défaites se déroulèrent en cinq sets. Pour battre Mac Enroe il fallait casser le rythme, enfin surtout le sien. Le philosophe Gilles Deleuze a tenté d'interpréter le jeu aristocratique de l'Américain, en opposition au jeu « prolétarien » de Borg et de Connors. Pourquoi pas. Le public ordinaire (dont je fais partie) a surtout retenu les colères de Mac Enroe, ses contestations fréquentes des décisions arbitrales. Le « mauvais caractère » du joueur lui a valu d'être refusé par le All England Lawn Tennis, club privé qui en principe accueille en son sein tous les vainqueurs de Wimbledon.

    Après 1984, qui fut son année faste, Mac Enroe ne gagnera plus de tournoi du Grand Chelem, du moins pas en simple ; car en double il s'imposera avec Woodforde à l'US Open en 1989 et avec Stich à Wimbledon en 1992, à 33 ans. Les matchs de double ont toujours très bien convenu à Mac Enroe, qui a remporté cinq titres à Wimbledon, dont quatre avec Peter Fleming, et quatre titres à l'US Open. Le jeu de double est très rapide, et le sens du placement de Mac Enroe y fait merveille ; il n'a pas le temps de tergiverser, et la présence à ses côtés d'un partenaire le « responsabilise ». Bien souvent quand on demande aux grands champions de tennis quel est leur plus redoutable adversaire, ils répondent « moi-même ». C'est assez flagrant dans le cas de Mac Enroe.

    Après 1984 Wimbledon est marqué par l'arrivée du jeune Allemand Boris Becker, surnommé « Boum-Boum » en raison de la puissance de son service et de ses coups droits. Mais Edberg en 1988 et 1990 renverse cette puissance avec son fameux service-volée. Par la suite, le gazon a été coupé moins ras de façon à ralentir le jeu. Wimbledon a permis à des joueurs et des joueuses de fond de court de pouvoir s'imposer ; les serveurs-volleyeurs ont même été dominés à partir des années 2000 et ils ne parviennent plus à s'imposer face aux relanceurs et aux lifteurs de fond de court. Les matchs n'en sont pas moins de très haute qualité comme la finale de 2019 entre Federer et Djokovic, considérée par certains comme la plus belle finale de l'histoire du tournoi. Le Serbe l'emporte 13-12 lors du dernier set.

 

Ci-dessous, le dernier jeu de la finale de 1980. 

 



15/03/2023
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